FICHE DE LECTURE

 

Titre: Féminismes et pop culture 

Auteur: Jennifer Padjemi

Note de la rédaction: 10/10

Personnages: la pop culture 

Thème développé: le féminisme sous le prisme de la télévision 


« La chose que j’aime avec le féminisme, c’est que nous ne sommes pas obligées d’être tout le temps d’accord » disait une grande sœur lors d’un meet up sur la littérature féministe.


Je n’ai jamais autant ressenti la véracité de ses mots qu’en lisant cette perle de littérature que représente « Féminismes et pop culture ».

J’ai découvert l’ouvrage par hasard sur un site en recherchant le livre de Andrew Morton sur la princesse Diana et je l’ai mis sur la liste de mes lectures de ce mois.

Dès l’entame, j’ai été séduite par le verbe de l’auteur très accessible mais en même temps très élaboré.

J’ai également été séduite par le fait qu’elle parlait de féminisme au pluriel, du fait qu’elle n’était pas une féministe parfaite et, que finalement, il n’en existait pas de parfaite.

Plus j’avançais dans ma lecture, plus je me sentais comprise, complice et écoutée. J’ai eu l’impression qu’elle me racontait et le fait qu’elle se serve d’exemple contemporains comme des séries que j’avais sûrement déjà vues, de musique, de mode, me parlait encore plus.

Même si, comme je le dis d’emblée, j’ai été dubitative sur certaines de ces prises de position, j’ai passé un bon moment en la lisant et j’ai appris énormément. 


La pop culture, c’est la dimension populaire du divertissement, ce qui est mainstream et connu de tous. Se sont les séries Netflix, c’est « renaissance ou lemonade » de Beyonce, c’est « Fenty Beauty » de Rihanna c’est tout ce qu’on connaît de ces personnes propulsées au rang de superstars.

Honnêtement, je ne pensais pas qu’on pouvait analyser le féminisme sous ce prisme et ce livre m’en apprend beaucoup. Alors en quelques mots, je partage avec vous ce qui m’a marqué dans ce livre.


1- L’importance de la représentation 


Il y’a quelques semaines, nous assistions à un véritable tollé sur les réseaux sociaux suite à la publication du teaser du film « la petite sirène » mettant en scène une Ariel noire interprétée par la très talentueuse Halle Bailey. S’en est suivi une déferlante de haine sur les réseaux sociaux. 

Cependant, dans tout ce lot de critiques, ce qui m’avait marqué, c’était une vidéo de petites filles noires regardant la bande annonce avec émotion, ravies de voir une héroïne qui leur ressemble. 


L’IMPORTANCE DE LA REPRÉSENTATION! 


L’auteur n’a pas cessé de mettre en lumière la représentation de la femme non blanche, de la femme hétérosexuelle ou queer, de la femme en situation de handicap dans les séries télés et son expérience est personnelle parce que se sont des séries qu’elle a elle même regardé.

Elle met en exergue les sentiments qu’elle a ressenti quand, pour la première fois, elle voyait un casting presque majoritairement féminin pour la série

 « orange is the new black ». En la lisant, j’ai été surprise d’apprendre à quel point il était rare avant de voir ce genre de personnages à la télévision.

C’est là l’importance de la représentation. Comme ces petites filles pleurant de joie de voir une petite sirène noire, nous avons presque toutes grandit avec des représentations « Waïty » dans tout ce que nous regardions de Disney à Nickelodeon. Si je ne me trompe pas, il n’y a que deux séries Disney avec des femmes noires en personnages principales (Raven et Agent KC).

C’est donc avec émotion et joie que nous pouvons aujourd’hui regarder une femme noire dans une série avec un rôle principal, un rôle autre que celui de la femme de ménage.

Je pense à Analyse Kitting dans « how to get away with murder » qui m’a conforté dans mon rêve de devenir avocate, je pense à Olivia Pope dans « Scandal », je Pense à Cookie Lyon dans « Empire »et à toutes ces dames qui font qu’en tant que jeunes femmes noires, nous avons le sentiment d’exister, d’être des personnes respectées et respectables.


L’autre pendant de la représentation qu’elle met en exergue est porté par des stars comme Beyonce grâce à son album Black is King, par Rihanna avec Fenty Beauty et Savage by Fenty (qui a été la première marque à présenter des teintes de fond de teint avec toutes les carnations de peaux et à produire des sous vêtements pour tous les types de femmes mettant ainsi fin à l’hégémonie de Victoria Secret et ses « Anges ») et comment leur intervention dans le débat féministe a changé la donne puisque plusieurs femmes ont pu s’identifier à elle. « Si Beyonce en parle c’est que je ne suis pas folle de penser ainsi » se dirait certainement telle ou telle fan de la chanteuse.

Au moment où j’écris ceci, Rihanna est la première femme noire à devenir milliardaire par elle même. 

Une autre occasion de se dire qu’être une femme noire c’est badass et qu’on vaut autant, ou plus , que les autres !


2- L’importance de briser les stéréotypes 


Les stéréotypes, ou clichés, sont des idées reçues sur une communauté de personnes, un genre etc. 

Généralement, on pense que les femmes noires sont toujours en colère (stéréotypes de la angry black woman) quelles crient et qu’elles tapent à tout va.  Si elle ne sont pas cela, elle sont les bonnes mummy que les blancs engagent pour assurer l’éducation de leurs enfants (réf: la couleur des sentiments avec Viola Davis).

Les asiatiques sont des intellos, les hommes noirs sont musclés et on des phallus dignes des récits Homériques.

Ces clichés sont entretenus depuis des siècles à la télévision et ne servent qu’à faire perdurer cette image néfaste des minorités.

L’auteur analyse donc le comportement du docteur Christina Yang dans « Grey’s Anatomy », nous montre des aspects de sa personnalité que nous n’avions pas forcément vu en regardant la série. 

Une femme asiatique qui n’est pas enfermée dans le stéréotype de l’intello, qui assume ses positions quant à la maternité, au mariage, qui fait passer sa carrière avant le reste, qui a recourt à l’avortement sans ensuite plonger dans le regret. 

Le personnage du docteur Miranda Bailey est aussi passé à la loupe de l’auteur et elle nous montre comment elle a pu permettre de déconstruire l’image de la angry black woman.


3- L’importance de la représentation de tous les genres, de toutes les orientations sexuelles.


Sujet tabou en Afrique! L’homosexualité, la trans identité et tout ce qui tourne autour de la communauté arc-en-ciel 🌈 sont des sujets qui fâchent, dont on ne parle pas, qui ne font pas partie de nos cultures.

Ce sujet est abordé avec brio dans le livre même si je pense que c’est en soit là où l’auteur a un peu péché. 

Au delà du fait qu’il faut de la représentation, l’auteur n’as pas assez, à mon goût, mit l’accent sur le fait que cette représentation était souvent biaisée.

L’auteur n’as pas su mettre (ou ne l’a peut-être pas voulu) en exergue le fait que ces personnages de plus en plus récurrents sont souvent des Token!

Les Token sont des personnages placés dans les films ou séries pour donner l’illusion de la diversité et de l’inclusion pour au final ne leur donner que le rôle du meilleur ami gay sympa, de la copine lesbienne soit grosse, soit totalement emo, soit intello et pas du tout « sexy » au sens qui s’entend de ce mot par le royaume dictatorial du phallus (😂).

Ce tokenisme a commencé pour moi (expérience personnelle) avec Secret story, télé-réalité dans laquelle il y avait une personne homosexuelle chaque saison comme pour dire que TF1 et Endemole étaient pour l’inclusion et se poursuit avec les séries Netflix qui présentent toujours un personnage gay et qui est, très étrangement, toujours issu d’une minorité.

Omar est gay ET musulman dans « Elite » et est le meilleur ami du personnage principal;  Eric est noir ET gay dans « Sex education » et est le meilleur ami de Otis; Fabiola est noire, lesbienne, intello ET un peu garçon manqué dans « Mes premières fois » et est la meilleure amie de Dévie, Oliver est asiatique, gay ET un génie de l’informatique dans « Murder »… ( si ça vous amuse, citez les minorités et les clichés qui entourent ces personnages 😪)

La liste est bien longue et finit de réduire ces personnages à des faire-valoir pour le personnage principal.

Cependant, je penses aussi que l’auteur n’a voulu que se concentrer sur les points positifs puisqu’il était rare à une époque de voir de tels personnages ne serait-ce qu’exister dans des séries.

Mon point de réel désaccord avec ce livre et toutes les réflexions similaires sur le sujet, c’est cette volonté manifeste de vouloir que tout le monde soit content et d’accord de voir ces personnages à la télévision.

Soyons honnêtes, la représentation LGBTQI+ à la télévision est tellement récurante que ça en devient perturbant. 

« Dans toutes les séries ils sont là » disait un ami récemment. Je lui ai un peu ris au nez car en tant qu’esprit libre je suis de ceux qui pensent qu’il ne faut pas ignorer la communauté arc-en-ciel car elle existe, fait partie de nos quotidiens et totalement l’ignorer serait faire preuve de mauvaise foi . Je ne vois pas non plus en quoi ce que deux personnes consentantes font de leurs vies et de leurs corps me regarderait en quoi que se soit. 

Là où je ne suis pas d’accord, c’est la volonté persistante de vouloir faire accepter cela à tout le monde indépendamment de leurs croyances, leurs convictions. 

Dans un monde où nous nous battons pour nos droits, pour être entendues, il serait bien que nous soyons capables d’entendre les autres quand ils disent

«  non, je ne suis pas d’accord qu’on montre ça à la télé » sans que cela soit qualifié d’homophobie ou de trans-phobie.


4- Les masculinités 


Le chapitre le plus court du livre est centré sur les hommes, c’est drôle j’avoue. En tant que livre 100% féministe, l’auteur ne voulait pas avoir à parler de ceux dont ont parle depuis la nuit des temps. Mais, dans un rapport établi avec la pop culture, il fallait qu’elle en parle surtout que les hommes issus de minorités sont souvent la cible de stéréotypes fortement prononcés dans les séries comme je l’ai déjà relevé plus haut.

Je me souviens d’une fake news qui circulait sur facebooK dans le courant de cette année selon laquelle Rihanna parlait du phallus impressionnant de notre Didier Drogba national. 

Le livre m’a ramené à cette problématique, ces clichés qu’on développe sur les hommes également. 

On ne qualifie l’homme noir que par ses attributs sexuels et physique, l’homme arabe est toujours violent, l’homme asiatique est toujours frêle, à des lunettes sur le nez et est un as de l’informatique. 

Non seulement ces clichés sont entretenus par la télévision, mais, ils se transforment en véritable données universelles.

Mais, autant que l’auteur, je ne m’attarderais pas sur ces messieurs. Il est clair que les hommes racisés et issus de minorités sont aussi la cibles d’abus comme les femmes mais, au championnat mondial de l’oppression, nous gagnons Mesdames donc qu’ils souffrent un peu en silence (je rigole…Peut-être pas…)


Le livre traite de bien d’autres sujets comme le body positif ou encore les problèmes de santé mentale qui sont pour le coup très tournés en dérision en Afrique mais je m’arrêterais à cette petite analyse (petite tu parles 😂). 

Tout compte fait, j’ai énormément appris en le lisant et mon plus grand regret a été qu’elle n’ait pas parlé un peu plus des livres qui font partie intégrante de la pop culture et qui ont également permis certaines révolutions.

Au demeurant, ce livre est une perle que je vous invite à lire (je le partagerai avec qui le veut) et à me faire part de vos ressentis. 

Nous pourrions en discuter des heures sans nous en rendre compte, pour preuve ceci était sensé être une brève fiche de lecture…

Portez vous bien mes loulous ❤️

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