CHRONIQUE D’UNE MÉLOMANE

DIDI B A-T-IL PERDU SON ART?


« dans ce game on sait qui est Fally Ipupa, qui est Ferre Gola… »


Tout le monde a, au moins une fois cette semaine, lu ou entendu cette phrase du dernier single de notre Mojaveli national.

Les fans sont en transe, les autres crient au scandale et ainsi se rythme la cadence des avis sur le « Shogun » tant attendu. Mais, qu’en est-il réellement? 

Je ne me vante pas d’être musicologue, je suis juste fan d’art et j’écoute Didi B depuis ses tendres années avec la Kiff No Beat. Alors, a t-il perdu son art ou se renouvelle t-il constamment ? On va le voir ensemble.


Chapitre 1- « Shogun », un éternel recommencement?

Ces dernières années, nous avons assisté à la dislocation de la Kiff No Beat et à l’expansion de certains de ses membres en tant qu’artiste solo. Didi B, leader du groupe et ayant pour lui l’avantage d’un premier album hors de celui-ci (Mojo trône) est donc quelque peu devenu le Gims de la formation , amassant la hype et la fan-sympathie.

Depuis, s’enchaînent les singles, un album et plusieurs collaborations tant locales qu’internationales. Seulement, et c’est un avis personnel, j’ai l’impression d’entendre la même chanson en boucle depuis quelques années.

Tout a commencé avec le très streamé « y’a pas l’argent dedans ». Comme tout bon rappeur désireux de prouver à ses pairs sa suprématie, le morceau est un véritable egotrip rappelant comment le Veli est plus fort que tous. Marquant son retour dans le game, le titre a forcément ravi plus d’un et on a tous snappé sur des paroles phares comme « ah le rap ivoire ils se font tous des coups bas, petit succès seulement ils deviennent tous yacouba (…) ».

Mais, quelques mois plus tard, nous avons eu droit au très ressemblant  « game de djai »  dans lequel il nous explique, encore une fois qu’il est le meilleur car, en effet « le rap ivoire part à gauche, Mojaveli part à droite » comme pour nous rappeler qu’il est unique en son genre donc forcément le leader du mouvement, le GOAT comme on dit.

Bien que l’album très attendu , « Mojo trône: History » fut un léger mix de thèmes et de prod, l’egotrip était toujours très présent. Forcément,  « Patron C’est Patron ».

C’est donc une continuité de cette volonté de s’imposer, de crier au monde entier que c’est lui et pas les autres qui résonne une fois de plus dans « Shogun ».

La prod est pratiquement la même, les paroles se ressemblent et il règne toujours cette atmosphère de gue rre contre tous.

J’ai l’impression que tout ce qu’il a désormais à nous offrir, c’est ça, une flopée de textes autocentrés qui se présentent comme une volonté de se prouver à lui même qu’il est aussi meilleur qu’il le dit.

Vous me direz, l’egotrip c’est l’essence même du rap et je vous répondrais qu’on a pas besoin d’en faire mille pour se convaincre qu’on est le meilleur (j’appelle Nekfeu et Lefa à la barre pour témoigner 🤭😂).


Chapitre 2- Didi B a t-il peur de se renouveler ?

Avec la redondance de « Shogun » et l’écho qu’il fait à la musique que produit l’artiste ces dernières années, la question qui me vient est: a t-il peur de proposer quelque chose de nouveau?

Il me semble que c’est là que le bas blesse. 

Musicalement, les fans d’antan n’auront pas de mal à le reconnaître, Didi B s’est longtemps cherché. Il a commencé par copier le flow de Black M, passant par la Fouine quelques fois et finissant par Young Thugg avant de « trouver » qui il est vraiment en tant qu’artiste et je pense que c’est le spectre de cette errance qui se manifeste aujourd’hui.

Il craint peut-être (je le dis avec beaucoup de réserve) de changer à nouveau de casquette et de finalement perdre tous les acquis qu’il a donc il stagne. Il produit les mêmes morceaux à la différence que seule la tournure des phrases changent, il pose sur pratiquement les mêmes instrumentaux parce que c’est confortable et il oscille entre la mode (mouvement des enfants) et le rap ivoire pur dont il est sensé être le porte voix à l’international.

Alors que, ma foi, il a la capacité et les moyens de se renouveler. Il le dit lui même « je suis enfant de musicien, je sais tout faire c’est mon excuse ».

 Et, si je ne m’abuse, il sait réellement tout faire. Enfant du village Kiyi, Diyilem sait chanter, danser, jouer d’instruments et il sait rapper. Si avec ça on ne peut pas créer du neuf à chaque fois, je ne sais pas comment on peut le faire.

Alors, Désir de rester constant ou peur du risque de proposer du vrai rap exempte d’égotrip et empli de flow nouveaux, de punchlines et autre? Nul ne sait, nul ne peut l’affirmer mordicus, on peut juste supposer…


Chapitre 3: La concurrence lui monte t-elle à la tête? 


Point positif dans tout domaine de la vie, la concurrence (loyale en tout cas).

C’est toujours bien de se sentir « en danger », challenger par l’un de ses pairs qui s’inscrit dans le même registre que soit.

Pour Didi B, l’opposant c’est Suspect 95.

Rivalité réelle ou crée par les fans? Qui peut dire? Seulement, la « saine » opposition entre les deux artistes les poussent à vouloir toujours proposer mieux que le concurrent au point que ça en deviennent presque de l’obsession.

Piques à peine voilées dans les morceaux, piques dans les interviews, le message est claire pour Didi; il sait qu’il n’est plus le seul à revendiquer le trône, son concurrent est de taille, il s’installe et la différence entre les deux est visible même à l’œil nu.

Le président du syndicat ne se renouvelle pas beaucoup non plus, il ne tombe pas forcément dans l’egotrip mais il n’en mène pas large pour autant. Cependant, il a quelque chose pour lui; la petite constante dans le rap. Oui, il peut lui arriver de chantonner, de même faire du slam, mais il reste dans la ligne de ce qui est conventionnellement reconnu comme étant du rap. Les rimes on ne les comptent plus et les punchlines pullules ses textes.

Est-ce donc là le coup de pression au Mojaveli? Ma foi, je crois que oui.

Car , au milieu de son errance musicale, il n’arrive plus à produire du « bon rap » puisqu’il passe de ce qui fait le buzz à l’égotrip (il finit toujours par revenir à sa petite personne plus forte que les autres 🙄) sans finalement nous proposer un morceaux complet avec punchlines, rimes et tout ce qui représente l’art ancestral du rap.

Alors, pour palier à ces « manques » que révèle le travail de son concurrent, il enchaîne les morceaux, ne manquant pas de rappeler à l’autre que même s’il ne fait pas la même chose que lui, et qu’il est jugé pour ça , il reste le meilleur…


En fin de compte, je n’ai pas de réponse à la question-titre, du moins je ne peux pas faire d’affirmations car l’art est intrinsèque et se manifeste de diverses manières. Cependant, mon avis reste très mitigé au sujet ce que nous sert notre artiste « préféré » depuis maintenant 2-3 ans.

Se sont des musiques que j’écoute en boucle , sur lesquelles je danses parfois mais qui me font en même temps regretter celui qui criait sa rage sur les instrumentaux à l’époque, celui qui nous produisait des couplets entrés dans les anales et qui enchaînait techniques et punchlines.

Je regrette ce Didi là et ses couplets tranchants comme celui dans « Halloween » avec Kiff No Beat.

Mais, le but de son métier n’est-il pas finalement de faire du profit? 

Alors , quitte à perdre et vendre son art, autant le faire au plus offrant…


J’attends vos avis OBJECTIFS sur le sujet.

Hâte de vous lire 🙏




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