FICHE DE LECTURE

 


Auteur: Djeney Sibi

Œuvre: moi, maîtresse ?

Note de la rédaction: 8/10


Moi, maîtresse? Est une œuvre de la talentueuse écrivaine ivoirienne Djeney Sibi qui évoque la question très épineuse des violences conjugales.

C’est l’histoire de Massiami Toure qui, après s’être longtemps refusée à sortir avec des hommes mariés, fini par en épouser un sans le savoir. Le livre nous montre donc comment elle est passé d’une histoire d’amour idyllique à un cauchemar éveillé.

Mon premier coup de cœur, c’est la couverture. Ce joyeux ton bogolan qui la orne est un trompe l’œil et tant à ne pas remarquer que , bien qu’on ne voit pas ses yeux, la femme sur la couverture pleure. C’est vraiment une subtile manière de montrer comment souffre en silence toutes ces femmes victimes de violences.

Mon second coup de cœur c’est l’histoire en elle-même. C’est comment il est mis en avant le fait qu’un homme en apparence calme peut se révéler être un parfait pervers narcissique. Car oui, Massiami épouse son meilleur ami pensant le connaître de bout en bout mais fini par découvrir que non seulement il l’a manipulé pour l’épouser (car déjà marié et père) mais est aussi fou de jalousie et vio lent. Et , comme le parfait bourreau qu’il est, il revient toujours en pleurs , avec des cadeaux pour se faire pardonner.

Le pire, c’est qu’il arrivait à la faire se sentir coupable, à se dire que c’est sa faute alors que ce n’est jamais la faute de la survivante…JAMAIS.

Troisième coup de cœur, le happy ending ! On est très souvent confrontés à des récits de femmes battues qui ne s’en sortent pas vivantes, périssant sous les coups de leurs compagnons. 

Cette fois, ça n’a pas manqué. Bien que se ne soit pas Massiami qui trouve la mort, le fait que son époux assa ssine sa « coepouse » est un électrochoc pour elle et lui permet de cerner ce dans quoi elle se trouve. 

« Ça aurait pu être moi » se dit-elle, comprenant qu’elle a eu beaucoup de chance et qu’il faut qu’elle se sorte de cette situation afin de se protéger et protéger sa fille.


Une autre chose que j’ai beaucoup aimé, c’est la dimension religieuse du roman. On connaît plus ou moins le rapport très fort de la soumission dans nos traditions africaines et comment celles-ci finissent par se confondre avec la religion. Dans son livre, l’auteur oppose d’une part les gardiens de la soumission qui demandent à Massiami de ne pas divorcer car une femme se doit de supporter et soutenir son mari pour le meilleur et le pire. Et , d’autre part, les véritables croyants qui ont conscience que si le divorce n’est pas toujours recommandé, il y’a des fois où il s’impose pour se sauver, sauver sa vie.

Autre rapport avec la religion, la prière comme refuge et comme guide. Après son divorce Massiami trouve beaucoup de réconfort dans la prière et c’est encore grâce à elle qu’elle fini par reconnaître l’homme qui sera le bon pour elle. 

Tout est bien qui finit bien. 


Au terme de ma lecture, je me rends compte que des Massiami, il n’en a pas beaucoup. Il n’y a pas beaucoup qui finissent bien, qui arrivent à sortir de la spirale infernale de la vio lence et qui finissent parfois six pieds sous terre. C’est là toute l’importance d’appeler à l’aide, d’accepter qu’on a besoin d’être accompagné afin de survivre. 

Je vous invite en tout cas à acheter ce livre tout d’abord parce qu’il est excellent mais aussi parce qu’un pourcentage de ses bénéfices est reversé à la Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes (qui est d’ailleurs citée dans le livre et qui aide Massiami à un moment) pour aider les survivantes de violences afin qu’elles ne soient plus jamais seules…


Bonne lecture et à bientôt mes readers 🥰

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