CHRONIQUE D’UNE MELOMANE

 Chronique d'une mélomane 4


DJ Arafat, telle une supernova...



Connaissez vous la supernova ? C'est un phénomène cosmique qui consiste en l'implosion de plusieurs étoiles. Mais ce qu'il y'a de magique avec elle, c'est qu'avant d'imploser, la luminosité des étoiles montent crescendos jusqu'à atteindre le point culminant de leur Brillance.

Voilà comment je vois notre trésor nationale, comme une étoile qui a tellement brillé qu'elle a finie par s'autodétruire... je vais vous dire pourquoi.


Chapitre 1: Arafat, ou l'explosion d'un artiste né


Nous le savons tous, Houon Ange Didier alias DJ Arafat est le pure produit de l'éducation musicale ivoirienne. Comme il le dit si bien il est "le fils d'un musicien et d'une grande musicienne".

Fils du regretté Houon Pierre  et de la sulfureuse Tina Spenser (devenue Glamour), le petit Didier baigne dans la musique depuis sa tendre enfance et il est plus que logique qu'il décide d'en faire son métier, il ne fait que ça depuis sa naissance.

Alors, de son histoire d'amour avec la musique naît un premier bébé, le très marquant "Jonathan" en hommage au DJ du même nom qui a perdu la vie dans un accident de moto. À partir de ce succès, ce fut l'explosion de l'étoile dans la galaxie. Elle enchaîne les succès , elle fait des classiques, elle remporte des prix; c'est une superstar. Mais entre deux titres marquants, elle enchaîne également les frasques...


Chapitre 2: Arafat, la superstar à problèmes 


Le monde du show-business fonctionne généralement de la même manière pour les artistes qui n'ont pas un suivi ou qui n'en font qu'à leur tête. Il devient une succession de succès dans l'art accompagné d'une vie publique et privée exécrable. Et, notre étoile n'a que trop bien représenté les deux revers de la médaille.

Qui ne connaît pas les célèbres frasques de la star? Des assiettes brisées sur la tête de sa copine, aux rumeurs lancées sur la sexualité et la santé de ses collègues, en passant par les clash avec tout le monde même son ami de longue date; la liste est trop longue.

Cependant, je me suis souvent demandé qu'est ce qui le motivait? Pourquoi ressentait-il le besoin constant de se faire remarquer négativement? Et un commentaire s'est rappelé à ma mémoire; un internaute exposait la thèse selon laquelle Arafat avait accumulé les frasques après le décès de son Pere parce qu'il déprimait, qu'il avait perdu la figure d'autorité qui le gardait sur les railles... il n'avait plus de papa.

Soit, cela peut expliquer la partie de sa vie sans son Pere. Mais et l'autre? 

Pour ma part, je pense juste qu'il a été question de suivie, de branding, de marketing public. L'artiste manquait d'accompagnement personnel quand l'accompagnement musical était au Top. Et, cela ajouté à sa personnalité de "noushi" qui fait ce qu'il veut comme il le veut, ça a créé ce personnage que nous avons connu.

Beaucoup l'ont aimé justement pour ça, parce qu'il paraissait libre et de la trempe de ceux à qui on ne dicte pas la conduite. D'autres , par contre,  ne le supportait pas parce qu'il en faisait trop pour eux.

Cependant, ce pendant de sa personnalité a poussé à un désamour total envers lui les dernières années de sa vie...


Chapitre 3: Arafat, victime de ses frasques 


A l'apogée de sa brillance, au sommet de l'Afrique et de sa carrière, cette étoile ne pouvait que se consumer. Et, comme j'aime à le croire, nous sommes tous un peu responsables. 

Au soir de sa vie, il avait presque vaincu ses démons. Il n'avait pas arrêté ses clashs, loin de là, mais il avait passé un cap dans sa vie. À 33 ans, il n'était plus le sale gosse arrogant qui n'avait de respect pour rien, il avait désormais une femme qui semblait lui apporter un peu de stabilité.

Cependant, c'est à ce moment là qu'est né une espèce de désamour chez certains, c'est à ce moment là que beaucoup ont commencé à lui tourner le dos.

Mon amie me racontait qu'elle l'avait vu distribuer des prospectus pour son "moto-moto tour" lui-même et que ça l'avait choqué que le grand Arafat, président d'une fan base aussi grande que la chine, en arrive à ça pour attirer du monde. Et cet événement était un reflet de ce fait, il avait tellement agacé tout le monde qu'on en avait un peu marre de lui.

Au soir de sa vie, il était interdit de l'imiter à wozo , il n'avait pas d'affiches dans la ville annonçant son show, Trace avait décidé de ne plus passer sa musique, ses parrains et sponsors l'avaient blacklisté. 

La cancel culture tue les artistes, faut qu'on le dise clairement. Si ce n'est pas une mort physique c'est une mort artistique lente et douloureuse pendant laquelle l'étoile voit son art foulé aux pieds, voit que la reconnaissance qu'elle mérite ne vient pas ou plus; elle se sent seule , incomprise et mal aimée. 

Oui, Arafat a été victime de tout le passif qu'il a accumulé au cours des années et ça a touché à son art, à ce qu'il aime. Et, tenez le pour dire, aucun artiste ne supporterait qu'on dédaigne son art, sa passion...


Chapitre 4: Arafat, victime de sa passion ou sauvé par elle ? 


Je ne sais pas vous mais je suis de ceux qui vivent pour leurs passions. Je penses que quand on fait quelque chose par passion on le fait bien, on le fait mieux.

Et, c'est ce que j'ai toujours aimé chez Arafat; il vivait au rythme de ses passions.

Deja, au niveau de la musique, on sera (pour la plupart des fans pragmatiques) d'accord que la qualité n'était pas forcément tout le temps au rendez-vous. Trop de bruits, pas assez de textes, on le lui a souvent reproché. Cependant, comme il ne faisait pas la musique faute de mieux ou par dépit, il s'est amélioré, à diversifié son art, a produit des sons meilleurs. Je pense à "enfant Béni" (que j'adore personnellement), à "mouvement patata", à "koba" en feat avec Josey et à bien d'autres morceaux qui nous ont montrés qu'il pouvait changer de cap, évoluer et devenir meilleur qu'avant. 

Et, avec cette passion là cohabitait l'autre ... la moto.

Combien de fois ne l'avons nous pas vu à moto dans ses clips, combien de fois ne s'est-il pas fait mal sur elle?

(Je me rappelle d'un accident qui l'avait tellement amoché qu'il avait la partie supérieur bandé et l'enfant qui l'a imité à Wozo avait également  mis les bandages 😂).

Mais, notre étoile était de celles qui vivent à fond leur passion qu'elle soit un tantinet dangereuse ou pas. Alors, amoureuse de la passion que je suis, même si c'est douloureux et que c'était beaucoup trop tôt, j'ai toujours trouvé poétique qu'il finisse en chantant pour elle, qu'il finisse sur elle...




"Aimons-nous vivant"! Telle à été la devise quand notre supernova a implosé le 12 avril 2019. C'est certainement la peine au cœur qu'il a décidé, une dernière fois, de laisser sa passion lui donner l'illusion que tout allait bien même si son monde semblait s'écrouler. 

La vitesse, le risque, le danger, l'adrénaline et...onde de choc...plus d'étoile.

À ce moment là, fini le désamour, fini de le cancel, fini de l'ignorer; celui qu'on ne pouvait plus voir en peinture recevait les honneurs qu'il méritait mais...à titre posthume, couché dans une boite en bois, tenant ses dreadlocks à la main et un exemplaire de "Renaissance".

"Une légende ne meurt jamais" pouvait-on lire sur des affiches tapissées de son images dans toute la ville. "Adieu tonton Arafat" pouvait-on entendre à wozo où il était, quelques jours avant le 12/08/19 toujours personna non gratta. "Programmation spéciale Arafat" pouvait-on écouter sur les chaînes Trace qui l'avait pourtant blacklisté.

Amnésie générale du tort causé, hypocrisie de masse ou simple appréciation du bonheur qu'on avait perdu? Peut-être un peu des 3. Tout compte fait, l'étoile mal aimée a confirmé son statut de légende quand elle a implosé. C'est dommage mais c'est la vie...


Alors, au Roi ce qui lui revient de droit, je termine en lui disant un grand merci pour tous les hits, pour les classiques comme "Djessimidjeka", "kpangor", "zôrôpôtô". Pour toutes les fois où j'ai bougé la tête quand sa musique passait, pour tous les fous rires devant ses directs, pour tout...

Quand on aime quelqu'un, on aime aussi ses défauts alors merci à lui pour toutes les façades de sa personnalité qui n'étaient pas parfaites, merci à lui de s'être montré sous tous les jours même les moins flatteurs, merci à lui d'avoir été une étoile si brillante.

Et, même si, telle une supernova, son destin était de mourir au sommet de sa brillance, ça ne nous empêche pas de le regretter...


Longue Vie Arafat, ce monde était définitivement trop faible pour supporter la grandeur de ton éclat...


C’est l’an 4 aujourd’hui et je n’aime toujours pas cette journée…


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