FICHE DE LECTURE… d’un jour pluvieux

Titre: How to get away with…le droit pénal 

Auteur: Mikaël Benillouche

Ndlr: 8/10 

Vous intéressez-vous au droit, à ses manifestations ou à son application dans la société ?

J’espère que votre réponse à cette question sera “oui” et vous donnera envie de découvrir ce petit essai analytique.

Le sujet est d’autant plus passionnant que l’auteur se sert de la pop culture pour étayer son propos.

Je ne sais pas vous mais j’aime beaucoup le fait de lire un livre et d’y trouver des références de chansons, de séries ou autres éléments de culture populaire en guise d’illustration. C’est là, mon premier coup de cœur. L’auteur, éminent juriste et avocat français, s’est donné pour mission à travers cet essai de nous expliquer de façon très simple ce qu’est le droit pénal et il n’a rien trouvé de mieux pour étayer son argumentation que la série “Murder” que beaucoup d’entre nous ont sûrement déjà regardés.

Se servant de la pop culture, il touche un sujet important mais avec une certaine légèreté qui fait qu’on ne s’ennuie pas en le lisant bien que le droit pénal et sa technicité soient parfois difficiles à cerner. (Copyright: MBK/BEE)

Mon second coup de cœur c’est la simplicités de l’analyse. Se servant D’affaires traitées dans la série, l’auteur nous donnes des explications sur les implications de celles-ci dans un droit autre qu’américain car , vous n’êtes pas sans savoir que le système judiciaire américain est bien différent de celui français qui ressemble pour beaucoup au nôtre (alerte, clonage juridique).

Alors, il nous explique des notions beaucoup utilisées dans la série (présomption d’innocence , droit au silence etc…) , des qualifications de crimes qui y sont faites et nous donne leur pendant en droit français tout en précisant si ces faits seraient ou non pénalisés outre mer. 

Les analyses sont d’autant plus intéressantes parce qu’en même temps qu’il se sert des normes de droit français pour les faire, il requière l’avis d’autres praticiens du droit sur ces questions (il y’a des enseignants, des avocats etc qui interviennent dans l’essai).

Et , dernier coup de cœur, c’est le petit clin d’œil un peu féministe puisque le personnage principal de la série est une femme noire. Il parle des stéréotypes qui subsistent dans la sphère des avocats spécialisés en droit pénal qui souvent sont toujours représentés comme étant hommes blancs à la voix rauque et tonitruante; les femmes étant enfermées dans des éternels clichés “d’intello à lunettes”, toujours habillées de chemisiers et de jupes crayons.

Il nous montre comment Shonda Rhimes (Longue vie à la reine), une fois de plus, déconstruit ce cliché en nous présentant une avocate pénaliste noire qui en plus est diablement brillante. (Copyright: MBK/BEE)

Au finish , la question de fin qu’il se pose m’a interpellé; quelles sont finalement les valeurs qu’enseigne la série surtout aux futurs avocats ou aux personnes intéressées par ce métier? Si il se montre un peu défaitiste au début en disant que la série est immorale car elle est de celles qui enseignent que “la fin justifie les moyens” et que la “dépravation” sexuelle y est très présente; il fini sur un constat que j’ai trouvé assez juste, il y’a des valeurs tout de même. La famille qu’on se crée quand celle naturelle est défaillante, la solidarité bien que dans le mal  et l’égalité puisque chaque personnage, bien qu’issue d’une minorité soit ethnique soit sociale, n’est aucunement présenté comme en dessous des autres. 

Ce fut en tout cas un belle lecture enrichissante pour moi en tant que juriste car elle m’a permise de saisir certaines subtilités du droit pénal tant américain que français (j’ai par exemple appris que le mandat de perquisition n’existe pas en droit pénal français) et c’est toujours bénéfique dans ma formation. Il se lit également très facilement et n’est pas long (149 pages).

J’espère en tout cas que ma fiche lui a rendue justice, que vous prendrez du plaisir à la lire et à lire le livre (il est en PDF donc je peux vous le passer) en attendant que nous nous retrouvions pour d’autres aventures.

Bien à vous, Bee…